« Cet élan de solidarité est une belle leçon de vie »

Depuis plusieurs mois, TMC a repris son activité de traitement de surface par anodisation sur son site d’origine. Une renaissance après les deux années de travaux nécessaires pour bâtir un nouveau bâtiment suite à l’incendie accidentel qui a ravagé le site historique en décembre 2016. La solidarité a permis ce retour.

Philippe Petiton et Valérie Ferrandi de TMC à Verson ne sont pas près d’oublier l’inauguration des nouveaux locaux de l’entreprise familiale inaugurés le vendredi 5 octobre 2018. Retour vers le futur. Dans la nuit du 12 au 13 décembre 2016 Philippe Petiton, son dirigeant, est alerté. « À 4h06, l’alarme incendie sonne sur mon téléphone, se souvient-il. Sur mon portable, les images de la caméra de surveillance n’étaient pas claires, je suis parti en pensant d’abord à un cambriolage. D’habitude, il me faut une vingtaine de minutes pour arriver à l’entreprise. J’ai dû mettre moins de 12 minutes cette nuit-là ! Quand je suis arrivé sur les hauteurs aux environs de Verson et que j’ai vu un grand dôme de feu, j’ai pensé que c’était foutu. » Trois ans après les faits, l’émotion est toujours là, même si de l’eau a coulé sous les ponts.

Les pompiers (52 hommes au total), alertés par des voisins, sont arrivés en même temps que lui. Il avertit son épouse de l’incendie. Puis ses fils et son équipe. À cinq heures, tout le monde est sur les lieux. « Devant le sinistre, l’atmosphère était lourde et mes jeunes avaient les larmes aux yeux. »

À sept heures, le dirigeant leur pose la question qui va relancer TMC. « On fait quoi maintenant ? On se retrousse les manches ? » Tous adhèrent devant sa volonté de pas laisser tomber.

Un élan solidaire va alors se mettre en place. Environ 48 heures après l’incendie, l’activité reprend doucement… mais sûrement. « Mon collègue de TECAL Verbrugge à Vire m’a tout de suite proposé d’utiliser ses chaînes de traitement pour que notre activité puisse se poursuivre rapidement. Pendant 18 mois, il a aussi accueilli les cinq « garçons » dans son entreprise, dont mes deux fils. Mon ancien électricien m’a remis les clefs de son bâtiment, situé à deux pas, pour que j’y installe mon bureau. »

Les patrons de CADECAP (Lisieux), ANODUR (Reims) ou encore TMV Thermivide (Louvigny) vont l’aider. Les uns traitent des pièces pour lui, d’autres partagent avec TMC un peu de leur activité. L’esprit d’entreprendre joue à fond. « Ces PME sont et vont bien ensemble. Nous sommes parfois un peu concurrents, mais sans réellement l’être au final, révèle Philippe Petiton. On ne se pique pas de clients, par exemple. On travaille tous de manière intelligente. Et aujourd’hui nous travaillons encore ensemble. Nos équipements sont complémentaires (les bains d’anodisation, par exemple) et cela nous permet de répondre à des marchés auxquels nous n’aurions jamais pu répondre seul de notre côté. On garde au maximum le boulot en région. »

D’autres partenaires se sont manifestés et permis à TMC de reprendre son activité. La mairie de Verson, Caen la mer, la Région Normandie et le Crédit agricole font le nécessaire rapidement pour faire avancer le dossier de la construction d’un nouveau bâtiment. Dans la foulée, la DREAL donne son feu vert à la reprise de l’activité de TMC, déjà engagée dans une démarche environnementale (« rejet zéro » et traitement de l’air de l’atelier). « Nous avons aussi adhéré à SOTRABAN après le préjudice, précise Valérie Ferrandi, Responsable RH de TMC. L’association a communiqué sur notre cas notamment. »

Dans l’épreuve, l’équipe de TMC s’est rapprochée. « Nous n’étions pas de nature à aller trop vers les autres. On était un peu en retrait dans notre coin, explique Philippe Petiton. Je crois que nous sommes plus ouverts aujourd’hui. Je dirais que l’équipe de TMC est plus soudée qu’avant. J’ai le sentiment aussi que nous avons apporté aux entreprises qui nous ont aidé et avec lesquelles nous travaillons désormais notre manière de vivre ensemble, nos état d’esprit et notre bonne humeur. »

À Valérie Ferrandi, le mot de conclusion : « Les marques de solidarité que nous avons reçues prouvent qu’il y a encore de la solidarité. Cette épreuve nous a permis de faire de belles rencontres. On ne pouvait pas s’imaginer ça, et ces relations n’ont pas de prix. »